Fawkes éditions : offrir à nos auteurs l’éternité


La dernière assemblée générale a approuvé la candidature de Julie Biasucci, 36 ans, fondatrice des éditions Fawkes. Mais qui est donc la nouvelle administratrice de l’ADEB ? Gros plan sur son parcours et ses priorités pour le monde du livre.

Raconte-nous ton parcours.
J’ai grandi en Belgique. J’ai fait mes études à l’Athénée de Soumagne en latin grec, option langues.  À 18 ans, départ pour l’Italie où j’ai étudié pour devenir éditrice. D’abord un bachelier en « Langues et Cultures Modernes et Contemporaines » à Rome, puis un Master en « Retorica e Discorso » à l’université de Cassino. Un Master qui prépare au monde de l’édition en alliant l’étude des philologies classiques à l’apprentissage de la reliure, de la mise en page, la correction de manuscrits…

Enfant, que voulais-tu faire comme métier ?
J’avais à peine 7 ans que je voulais déjà devenir éditrice ! Mon entourage me prédestinait à une carrière d’écrivain pour avoir démontré de manière précoce un engouement pour la lecture et l’écriture. Mais au fond de moi, je voulais « faire des livres », m’assurer que certains beaux contenus puissent être partagés, connus et passent à la postérité.

Après un début de carrière en Italie, tu reviens en Belgique et fondes Fawkes Éditions…
J’ai fondé Fawkes en 2015. Avec comme stratégie de valoriser les auteurs locaux et surtout de redorer l’image de l’éditeur. Je signe tous les contrats d’édition en face à face, jamais à distance. J’aime garder le contact avec mes auteurs, mon équipe, les libraires et mes lecteurs. Si je suis revenue en Belgique, c’est aussi pour apporter le petit plus qui m’avait fait fuir. Je veux contribuer à soulever l’identité nationale et faire en sorte que les gens soient fiers de leur patrimoine. Fawkes est d’ailleurs « ambassadeur Wallonia ».

Pourquoi le nom « Fawkes » ?
Je suis de la génération J.K. Rowkling ! Le déclin de mes notes en math s’explique par la lecture intempestive d’Harry Potter pendant les cours ! Fawkes, c’est donc le phénix de Dumbledore. Parce que tel un phénix, la littérature doit toujours renaitre de ses cendres. Ce nom la rend éternelle. C’est ce que je propose à mes auteurs : l’éternité !

En tant qu’administratrice de l’ADEB, sur quoi souhaites-tu mettre la priorité ?
Faire en sorte que le rôle de l’éditeur soit reconnu et compris. Notre profession est dichotomique. Nous sommes à la fois dans le domaine de la culture et des entrepreneurs. Comme les avocats ou les médecins, les éditeurs devraient avoir leur catégorie professionnelle, avec des règles propres. Ce qui permettrait de mieux définir le métier d’éditeur, mais aussi de mettre hors circuit les arnaqueurs qui ternissent la profession. En tant que maison publiant à compte d’éditeur, je veille à mettre en garde les auteurs contre l’autopublication. S’autoéditer présuppose de pouvoir assumer toutes les casquettes présentes au sein d’une maison édition. L’éditeur ne sert pas uniquement à envoyer des manuscrits à l’impression. C’est un métier vivant, avec une éthique, qui a besoin d’être mieux connu pour être valorisé.

Qu’est ce qui t’a donné l’envie de poser ta candidature ?
Tout le travail accompli par l’ADEB, dont notamment sa façon de gérer la crise Covid. Vous vous êtes battus tout le temps et n’avez jamais lâché ! C’est un des arguments qui m’a poussée à me lancer quand j’ai reçu l’appel à candidature. J’admirais déjà tout votre travail : les encouragements, les salons, les formations…

Le livre : papier et/ou numérique ?

Les deux. Je suis évidemment très attachée aux livres papier : il n’y a que cela chez moi !  Mais l’e-book n’est jamais qu’un support de plus. Il faut voir les avantages de ces autres supports. D’ailleurs, avant le livre papier, d’autres supports ont existé. Les premiers textes étaient écrits sur des vases. Je pense par contre que le livre numérique devrait être vendu à un cout inférieur pour toucher davantage les jeunes et favoriser la lecture dans cette tranche d’âge accro aux écrans.

Et le livre audio dans tout cela ?

Il est pratique pour tout un public qui n’a pas l’occasion de lire pour diverses raisons (dyslexie, analphabète, malvoyant…). Cela doit faire partie du panorama éditorial.

Ton livre de chevet ?

« La fureur renaitra de ses cendres », de Gilles Bréac. Je le relis pour la 7e fois.

Ton salon favori ?

Mon cœur balance, mais je pense que cela restera Francfort toute la vie. On s’y sent au cœur de l’action. C’est le point d’intersection, avec un côté très cosmopolite.

Et enfin… Ton endroit favori pour lire un livre ?

Sur la plage, en bord de mer !